Se faire tirer le portrait revient à la mode
- Johanna Witz
- il y a 7 jours
- 3 min de lecture

Bien avant que les familles ne se pressent chez le photographe pour afficher dans de nombreux cadres photos les clichés pris devant un fond de papier coloré, on faisait appel aux portraitistes, ces peintres spécialisés dans l’art du portrait. Il fallait alors longuement poser pour réaliser un unique portrait, à mille lieues des instantanés qui remplissent nos smartphones en quelques secondes sous la simple pression de la pulpe du doigt sur un écran. Le portrait demandait un véritable savoir-faire et offrait bien plus qu’une image ressemblante. Il élevait l’apparence au rang d’art, en ajoutant à la simple image une atmosphère, un regard, une palette de coloris choisis, une lumière particulière ou encore un message subtilement caché par l’artiste dans ses coups de pinceau. Retour d’une manière désuète de se faire tirer le portrait.
Un portrait pour...
Le portrait, si prisé des intérieurs du XIXe siècle, était jusque-là tombé dans l’oubli, effacé par l’émergence de la photographie. Il revient pourtant pour habiller les murs de nos intérieurs, en nombre pour offrir de nouvelles perspectives à un espace restreint, ou seul pour s’imposer comme pièce maîtresse.
© Alexandra Dillon © Dongni Hou
RENDRE HOMMAGE
La première fonction du portrait est mémorielle : il permet de figer l’image d’une personne que l’on connaît afin de la transmettre, et ce même après sa mort. Les portraits funéraires, toiles réalisées juste après le décès à l’effigie du défunt pour en garder un dernier souvenir, en sont la preuve. Sans aller jusque- là, on peut décider de faire réaliser une peinture de soi ou d’un proche pour un souvenir un peu différent des traditionnelles séances photos en famille. Certains artistes proposent de réaliser votre portrait dans leur univers graphique, comme Dongni Hou, qui transforme ses modèles en chevaleresses !
INTRIGUER SES VISITEURS
Si commander une toile sur modèle vous semble trop onéreux ou hasardeux,vous pouvez également faire le choix d’un portrait à l’effigie d’un(e) inconnu(e). Toiles anciennes chinées dans un vide-grenier ou nouvelles réalisations du genre peuvent servir d’élément phare à la décoration d’une pièce.En choisissant une œuvre pré-existante, vous aurez l’avantage de marier les couleurs, et de choisir une toile qui intrigue et laisse planer le mystère sur l’identité de son sujet.
© Pearlmaker II, Tabitha Vevers © Gaspard Delanoe © Alexandra Dillon
REVISITER LE GENRE
Si le portrait a longtemps été boudé, c’est bien sûr parce qu’il a été rendu désuet par la démocratisation de la photographie, mais aussi parce qu’il est un symbole de ce qui est ancien, rigoureux, codifié voire démodé. C’est là que la déstructuration de ce genre peut devenir intéressante ! Et de nombreux artistes se sont donné pour tâche de parodier les portraits (on peut penser notamment à LHOOQ de Marcel Duchamps face à l’immortelle Joconde de Léonard de Vinci). Gaspard Delanoë, président du squat d’artistes du 59 rue de Rivoli à Paris, pour citer un nom de la scène artistique contemporaine, chine des paysages et portraits de seconde main pour les marquer de phrases choc colorées.
BRISER LE CADRE
Autre manière de briser les codes du portrait : l’affranchissement du cadre. Le format rectangulaire, à l’orientation “portrait” justement, est une des contraintes techniques les plus marquantes de ce genre pictural. Il peut toutefois s’adopter en déconstruisant ce format codifié, et prendre pour support les éléments les plus surprenants, comme dans les œuvres de l’américaine Alexandra Dillon, qui peint sur toutes sortes d’outils de bricolage. Là, le gros plan ou plan poitrine qui permet de montrer le visage et le début du buste, est parfois abandonné au profit de très gros plans sur une partie du corps, comme l’œil peint sur une coquille dorée par Tabitha Vevers.
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