À bord de la Dolce Vita Orient-Express
- Johanna Witz
- 12 juin
- 7 min de lecture

C’est à bord de l’Orient-Express que, depuis 1883, les voyageurs peuvent circuler de la France à Constantinople dans une modernité, un luxe et un confort jusque-là étrangers aux déplacements ferroviaires. Après un long sommeil, le train de renom repart sur les rails avec des premiers départs prévus au printemps 2025 pour de prestigieux voyages vers l’Italie. Embarquez avec nous à bord du mythique Orient-Express...
À sa création, l'Orient-Express accomplit l'exploit de relier Paris à Constantinople en seulement quelques jours, permettant à ses passagers de traverses la France, l'Italie, la République tchèque, la Hongrie, l'Autriche et la Turquie en un temps record (seulement 4 jours). Bien plus qu'un transport pratique, il a été conçu par l'ingénieur belge Georges Nagelmackers comme un moyen de locomotion confortable, où chaque passager peut avoir un espace d'intimité, re repos et de spectacle, à une époque où chaque territoire traversé dispose de normes différentes concernant la circulation de ses trains et la construction de ses wagons. M. Nagelmackers invente les wagons-couchettes indivisuels ainsi que le désormais célèbre wagon-restaurant. Après une période de gloire, l'Orient-Expess, qui donna naissance au "style Orient-Express" grâce à la beauté de sa réalisation par les meilleurs ouvriers et décorateurs de l'époque, se laisse supplanter par l'arrivée de la dernière innovation en matière de rapidité : le voyage aérien. Aujourd'hui, l'omniprésence du déplacement rapide et peu cher a fait basculer les glob-trotteurs les plus aisés dans une recherche de luxe et de lenteur. Ces chanceux peuvent dès à présent réserver leur billet à bord de la Dolce Vita Orient-Express, qui circulera à partir du mois d'avril 2025 sur 8 itinéraires permettant de découvrir l'Italie pendant 2 à 3 jours. Imaginons que nous embarquons ensemble dans celui qu'on surnomme "le roi des trains"... En voiture !
LE QUAI DE LA GARE
Nous sommes sur le quai de la gare de Rome-Ostiense, prêts à partir pour un périple de 3 jours dans le nord de l’Italie, à la découverte des villes de Rome, Venise et Portofino. La météo est clémente en ce mois d’avril qui voit l’inauguration de ce premier itinéraire italien – 7 autres circuleront plus tard dans l’année, menant aux vignobles toscans, à la côte sicilienne ou encore sur la route des truffes. Devant nous, 9 voitures bleutées rayées d’un rouge acajou prometteuses d’une expérience ferroviaire unique. Les encadrements de fenêtres dorés et le monogramme assorti nous souhaitent la bienvenue à bord de la Dolce Vita Orient-Express, où se prépare “un voyage extraordinaire où nous invitons les voyageurs à vivre le pinacle de l’élégance et de la joie de vivre, et à s’enivrer du charme et des splendeurs de l’Italie”, selon les mots de Gilda Perez-Alvarado, directrice générale de la compagnie.
Des grooms s’affairent à guider les derniers passagers du quai jusqu’à la réception du Salon. C’est ici que l’on procède à l’étiquetage et à l’enregistrement des bagages, et que l’on reçoit sa carte d’embarquement ainsi que son numéro de cabine. Certains opteront pour une boisson rafraîchissante prise dans l’espace Café italien et craqueront peut- être pour un Spritz accompagné de spécialités italiennes avant de quitter la gare. Quelques minutes avant le départ, l’équipage nous invite à participer à une cérémonie d’adieu sur le quai. Enfin, le conducteur siffle le début de notre idyllique voyage.

À BORD DU TRAIN
Deux options pour la nuitée à bord de l’Orient-Express : les cabines de luxe de 7m2 ou les suites de 11m2. On compte à bord du train 18 suites et 12 cabines, toutes équipées d’une salle de bain. Si nous nous dirigions vers une cabine, nous découvririons un canapé-lit double, des sols recouverts de moquette et des plafonds ornés de lattes de bois. Pendant la journée, notre cabine serait composée d’un canapé et de repose-pieds. La nuit, elle se métamorphoserait en chambre avec lit, accompagné d’une table basse et de tabourets. Mais imaginons que nous dormons à bord d’une des suites du train. Plus spacieuse, nous y trouvons un lit, un canapé, mais aussi deux fauteuils, tous parés de teintes orangées, terracotta ou violacées, contrastés par des finitions en laiton, des miroirs fumés et des plafonds laqués couleur sienne brûlée qui apportent un peu de lumière et de scintillement au compartiment. La suite est élégante, pourvue de moquettes et de rideaux somptueux, et éclairée de luminaires conçus par des designers renommés du XXe siècle.
Pendant que nous circulons en direction de Venise, nous pouvons prendre le temps d’admirer le travail de Dimorestudio, le studio d’architecture et de design italien en charge de la décoration du train. C’est ici un hommage au glamour, à la joie de vivre et à la ferveur artistique des années 1960 qui se joue dans “des décors où se marient histoire et esprit contemporains : un train imaginé dans un luxe soigné, mais jamais ostentatoire, et qui donne l’impression d’avoir toujours existé”, d’après Britt Moran et Emiliano Salci, les fondateurs de Dimorestudio. Pour ce projet d’envergure, ils ont puisé leur inspiration dans l’artisanat d’art et l’âge d’or du design italien. Les maîtres du design italien du XXe siècle tels que Gio Ponti, Nanda Vigo, Gae Aulenti et Osvaldo Borsani leur ont servi de muses.
LE WAGON-RESTAURANT
Le déjeuner est pris à bord, dans le wagon-restaurant où opère le chef Heinz Beck, triplement étoilé au Guide Michelin. Ce Ristorante est un lieu au décor éclectique, rempli de motifs géométriques, aux murs en laqué brillant aux tons sauge, où brille la lumière diffusée par des appliques à la lueur feutrée. La mélodie de musiques italiennes résonne dans ce lieu où les voyageurs prendront leur déjeuner. Les tables y sont drapées de nappes blanches et couvertes d’une argenterie de collection et de plats en faïence italienne. Une huile aromatique pourra, à l’occasion, agrémenter les mets d’exception servis ici, reprenant les codes de la cuisine locale et des régions traversées pendant ce périple. La carte des vins donne elle aussi à découvrir les meilleurs crus des régions viticoles visitées.
Une pause digestive peut ensuite être faite dans l’intimité et le calme de notre cabine. Le moment parfait pour commencer à noter ses premières impressions de route dans le carnet de voyage offert par la Dolce Vita Orient-Express. Nous pouvons y inscrire notre journal de bord, y ajouter des notes, des menus ou encore des cartes postales pour constituer un souvenir de notre navigation sur le réseau ferroviaire italien. Au besoin, le service de chambre sait nous régaler d’olives, de taralli au fenouil, de fromages italiens et de gressins, sur la simple pression d’un bouton d’appel situé dans la chambre.

LE WAGON-COUCHETTE
Au crépuscule, les passagers arrivent enfin à Venise, où ils peuvent découvrir les trésors historiques de la Sérénissime grâce à une visite guidée, puis profiter d’un dîner privé dans un vieux Palais accompagné d’un orchestre et d’un spectacle. Un dernier moment de jeu et de détente dans la voiture-bar pourra être vécu avant l’heure du coucher. Une musique italienne y est jouée en direct et des encas y sont servis pour accompagner les parties de scopa, d’échecs ou de backgammon. Cet espace convivial et chaleureux, sublimé par un lumineux plafond laqué et aménagé dans des teintes de beige, de blanc cassé et de camel, se veut un lieu de rencontre entre les passagers. C’est aussi le lieu parfait pour découvrir le buffet d’antipastis et le limoncello servi (avec modération) à bord du wagon.
Pendant ce temps de détente, le personnel se charge d’effectuer la “grande transformation”. Les lumières du train sont tamisées, le répertoire du pianiste se fait plus lent et le personnel d’équipage s’occupe de la métamorphose des cabines en lieux de couchage. À minuit, avant leur coucher, les voyageurs pourront observer depuis la fenêtre de leur chambre leur départ pour Portofino. Derrière le calme et le repos, c’est toute une équipe technique qui maintient le train sur les bons rails par l’orchestration méticuleuse de chaque étape du voyage, comme le constate Maxime d’Angeac, l’architecte de l’Orient-Express : “Le futur Orient-Express est d’abord un défi technique, c’est un objet en mouvement, complexe, sacré par la beauté du rythme, traversé par des révolutions technologiques, par l’histoire des inventions et du design”.
HALTE EN GARE
La deuxième journée commence par un petit déjeuner sur fond de linge de table élégant et de porcelaine délicate. Il est préparé à bord et composé de jus de fruits fraîchements pressés, de brioches siciliennes, de sfogliatelle, de confitures artisanales locales, de fromages et de charcuteries, ainsi que de café italien aromatique. Celui-ci peut également être servi, sur demande, dans les suites et cabines. Vient ensuite la phase d’exploration, avec un temps libre à Portofino puis une après-midi de voyage panoramique le long de la côte méditerranéenne. À la tombée du jour, un événement phare de notre trajet : le "Grand soir". Les passagers sont invités à enfiler leur plus élégante tenue de soirée. Une lettre manuscrite nous attend, nous conviant au restaurant pour cette soirée pleine de finesse et de rêverie. Tout au long du dîner, un conteur passe de table en table pour raconter les histoires et légendes qui flottent autour de la rencontre entre l'Orient et l'Occident. Le ventre rempli et l'esprit plein de fables, nous sommes préparés pour une dernière nuit de rêve à bord de l'Orient-Express italien.
Le voyage dans le nord de l'Italie se termine par notre retour dans la fare de Rome-Ostiense. Les hauts parleurs annoncent l'heure exacte de notre arrivée. Mais le voyage ne peut se conclure sans une note finale, marquée par une ultime photographie de nos derniers instants à bord. Une cérémonie des adieux est menée par le personnel qui salue ses passagers d’une haie d’honneur grandiose. Comme dernier au revoir, le steward nous remet une lettre calligraphiée en italien pour nous souhaiter bonne route.
Pour nous, le voyage prend fin. Mais pour l’Orient-Express, la route ne fait que commencer. Après l’inauguration de ses 8 itinéraires italiens, la version mythique du train renaîtra de ses cendres au cours de l’année 2026, dans un tout autre décor, reprenant les motifs des wagons originaux et apportant une nouvelle note chaleureuse et intimiste par bon nombre de boiseries et de draperies aux nuances chaudes de marrons, de violets et de verts profonds. En parallèle, l’Orient-Express ne cessera d’innover en proposant des croisières inédites à bord de l’Orient-Express Corinthian, qui ne sera pas moins que le plus grand voilier au monde avec ses 220 mètres de longueur poussés par la seule force du vent. Un nouveau mode de transport, toujours porté par l’innovation et le confort, sur les flots de la Méditerranée, de l’Adriatique ou encore des Caraïbes.
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@ladolcevitaorientexpress
À partir de 3 500 € / personne la nuit.
Réservation sur orient-express.com
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