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Nebbia Studio, fleur colorée de la Savoie

Derrière l’énigmatique nom de “Nebbia Studio” se révèle le travail éclatant de Justine Beaussart. Alors qu’elle travaille à Milan dans l’univers de la publicité, la fleuriste de 36 ans se prend de passion pour les fleurs qu’elle redécouvre sur les plateaux de shootings photos. Elle dresse alors des listes de mots dont la sonorité et la signification seraient une évidence avant d’opter finalement pour Nebbia, qui signifie brume en italien – comme celle qui flotte justement dans les rues milanaises. Rencontre avec une fleuriste aussi colorée et inspirée que ses compositions florales.


Justine Beaussart dans son atelier.


C’est habillée d’un tailleur orange sous lequel s’échappe le col d’une chemise aux motifs colorés que nous accueille Justine, dans un style un peu rétro, aux portes de son studio. Situé dans une ruelle où des artistes annéciens en tout genre se rencontrent, il se caractérise par sa devanture rose saumonée. Au rez-de-chaussée, une grande table de travail est bordée d’étagères où trônent toutes sortes de vases aux couleurs vives. Le premier étage du studio accueille les bureaux et un petit salon où l’on peut feuilleter de beaux livres sur les fleurs, rejoints en septembre par Design floral, l'ouvrage de notre fleuriste savoyarde, publié aux éditions Eyrolles.


Devenir fleuriste a été une reconversion pour toi, comment as-tu découvert cet univers ?

J’ai travaillé dans le domaine de la publicité pendant près de 8 ans, dans la production de contenu et l’achat d’art.Je collaborais surtout avec des clients dans les univers de la beauté et de la mode, et c’est comme ça que j’ai découvert le travail de la fleur, sur des shootings, lors de projets menés aux côtés de fleuristes. C’est d’ailleurs ce qui m’a aidée à me lancer, d’avoir ce réseau. J'ai ainsi pu faire tout de suite plusieurs commandes de scénographie qui m’ont permis de constituer un portfolio.


Qu’est-ce qui t’a décidée à sauter le pas ?

Je crois que j’avais avant tout envie d’un travail plus manuel et créatif. Je voulais pouvoir créer quelque chose de concret et de palpable. Mais ça n’a pas été une coupure nette, j’ai commencé à travailler chez un fleuriste qui cherchait de l’aide les week-ends lorsque j’étais à Milan, à côté de mon travail dans la publicité que je poursuivais la semaine. C’était une expérience enrichissante, mais c’était éreintant.


Vue extérieure de l'atelier / Inspirations diverses.


Tu as alors quitté Milan pour installer ton studio ici, à Annecy...

Oui, Milan était en effervescence au moment des fashion weeks car grande ville de mode, mais je ne me voyais pas forcément y rester pour fonder une famille. J’ai passé un CAP fleuriste en formation à distance, et je suis rentrée en France il y a environ 3 ans avec le diplôme nécessaire pour exercer ici, dans la ville d’origine de mon mari. J’ai moi aussi grandi dans les Alpes du sud, ça semblait donc être l’endroit parfait pour avoir notre fille, Alda.


Et aujourd’hui, de quoi est composé ton quotidien au studio ?

Ce n'est pas une boutique visitée par des clients qui seraient tombés là par hasard. Le studio est caché

au fond d’une ruelle, sans enseigne (mais c’est un lieu fantastique car il est composé de plein d’ateliers d’artistes, c’est super inspirant). J’y reçois certaines personnes intéressées par l’univers desfleurs pour faire des workshops intensifs de un à trois jours. Je propose également des cours sur la plateforme en ligne Domestika, mais c’est différent, les workshops permettent de vraiment échanger et créer ensemble. Le reste du temps, on fleurit toutes sortes d’événements, des mariages aux boutiques de mode, en passant par les dîners organisés par différentes marques...


Comment te réinventes-tu au fil des mariages, pour proposer quelque chose d’intemporel mais d’original à la fois ?

Je décrirais mon style comme moderne et coloré. J’aime jouer avec les couleurs et je ne m’interdis aucun

accord. Je m’interdis en revanche de faire deux fois la même composition. Pour les mariages, qui imposent un cadre strict, il y a justement une grande créativité qui sort des demandes les plus exigeantes : on m’a par exemple demandé de fleurir tout un mariage avec pour unique fleur la marguerite... Un véritable défi !


Moodboard et vases chinés en verre.


C’est essentiel pour toi de te fournir chez des producteurs locaux ?

Je fais partie du Collectif de la fleur française, ce qui signifie que je m'engage à ce que, annuellement, au moins 50 % de mes fleurs soient en provenance de producteurs français, et à réduire l’usage

de mousse à piquer dans mes compositions. On apprend alors à utiliser d’autres méthodes et techniques, comme le kenzan ou le grillage à poules. J’essaye de garder cette notion de proximité dans mes créations, même dans les thématiques abordées. On m’a par exemple demandé de penser des compositions pour un mariage sur le thème de Marrakech, pour un couple qui n’a pas pu y organiser son mariage pour des raisons pratiques. J’ai alors cherché un entre-deux avec des compositions reprenant les couleurs d’épices qui sont communes aux traditions savoyardes et marocaines.


Est-ce encore possible d’offrir des fleurs à une fleuriste ?

À vrai dire, mon mari ne m’a pas offert de fleurs depuis au moins10 ans ! (rires) Il est libraire, alors je ne lui offre pas de livres, et lui ne m’offre pas de fleurs, c’est de bonne guerre. On me donne plutôt des vases, car mes proches savent que j’aime proposer des contenants originaux avec mes compositions : carafes, fioles, brocs, vases chinés... Mais si je devais recevoir des fleurs demain, j’aimerais des chrysan- thèmes, qui sont ma fleur préférée. Ils ont une mauvaise réputation car on s’imagine toujours les fleurs jaunes qui fleurissent les tombes, alors qu'il en existe pourtant de très belles variétés produites en fermes florales. J’en glisse souvent dans mes compositions, mais bien sûr je ne l’annonce pas tel quel à mes clients, autrement ils n’en voudraient pas. Je les appelle plutôt “asters géants” en référence à leur famille botanique les Asteraceae, ni vu ni connu !


@nebbiastudio

5 avenue de Chevêne

74000 Annecy


© Photographies réalisées par Margaux Le Map pour Fine Fleur Magazine. Tout droits réservés, interdiction de reproduction.

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